Pour lire le début de l'article :
http://alsemo.over-blog.com/article-haro-sur-l-intelligence-116991336.html
"Qu'y a-t-il dans le dossier de cette histoire ?
Un Dieu qui interdit au couple primordial
la consommation du fruit de l'arbre de la connaissance.
A l'évidence, nous sommes dans la métaphore.
Il faut les Pères de l'Eglise pour sexualiser cette histoire, car le texte est clair : manger ce fruit dessille et permet de distinguer le bien du mal,
donc d'être semblable à Dieu.
Un verset parle d'un arbre désirable pour acquérir l'intelligence (III, 6).
Passer outre au diktat de Dieu, c'est préférer le savoir à l'obéissance,
vouloir connaître plutôt que se soumettre.
Disons-le autrement : opter pour la philosophie contre la religion.
Que signifie cet interdit de l'intelligence ?
On peut tout dans ce Jardin magnifique,
mais pas devenir intelligent - l'arbre de la connaissance -
ni immortel - l'arbre de vie ?
Quel destin Dieu réserve donc aux hommes :
l'imbécillité et la mortalité ?
Il faut imaginer un Dieu pervers pour offrir ce cadeau à ses créatures...
Célébrons donc Eve qui opte pour l'intelligence au prix de la mort
quand Adam ne saisit pas tout de suite les enjeux du moment paradisiaque : l'éternelle félicité de l'imbécile heureux !"
"Electricité tactile"
(80 x 100 cm)
2012
"Que découvrent ces malheureux, la dame ayant croqué du fruit sublime ?
Le réel.
Le réel et rien d'autre :
la nudité, leur part naturelle,
mais aussi, et depuis cette fraîche acquisition du savoir,
leur part culturelle, du moins ses potentialités
via la création d'un pagne avec feuilles de figuier - et non de vigne...
Et encore : la rudesse du quotidien, le tragique de tout destin,
la brutalité de la différence sexuelle,
l'abîme qui sépare pour toujours homme et femme,
l'impossibilité d'éviter le travail pénible,
la maternité douloureuse et la mort impériale.
Une fois affranchis, et pour éviter l'ajout de la transgression
qui permet d'accéder à la vie éternelle
- car l'arbre de vie côtoie l'arbre de la connaissance -,
le Dieu un, décidément bon, doux, aimant, généreux,
expulse Adam et Eve du paradis.
Nous en sommes là depuis...
Leçon numéro un :
si l'on refuse l'illusion de la foi,
les consolations de Dieu et les fables de la religion,
si l'on préfère vouloir savoir
et qu'on opte pour la connaissance et l'intelligence,
alors le réel nous apparaît tel qu'il est, tragique.
Mais mieux vaut une vérité qui désespère tout de suite
et permet de ne pas perdre complètement sa vie
en la plaçant sous le signe du mort-vivant
qu'une histoire qui console sur le moment, certes,
mais fait passer à côté de notre seul vrai bien :
la vie ici et maintenant. »
Extrait du « Traité d'athéologie » de Michel Onfray
Editions "Le livre de poche" (p 105-106)
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