https://www.pinterest.com/1954y/buchenwald-concentration-wwii/
"Jorge Semprun, matricule 44904, rapporte qu'en février 1945 les SS rassemblent sur le quai de la gare du camp une quinzaine d'enfants de 4 à 12 ans, qui descendent des wagons d'un transport dans lesquels le nombre de morts gelés dépasse celui des survivants, et il relate :
« Les S S avec leurs chiens se sont déployés en arc de cercle et ils ont poussé devant eux, sur la grande avenue, cette quinzaine d'enfants juifs. Je me souviens que les gosses regardaient autour d'eux, ils regardaient les SS, ils ont dû croire au début qu'on les escortait simplement vers le camp. [...]
Mais les SS ont lâché les chiens et ils se sont mis à taper à coups de matraque sur les enfants, pour les faire courir, pour faire démarrer la chasse à courre sur la grande avenue [...] et les enfants juifs, sous les coups de matraque, houspillés par les chiens sautant autour d'eux, les mordant aux jambes, les enfants se sont mis à courir. !...]
Cette meute de chiens et de SS qui courait derrière les enfants juifs eut bientôt englouti les plus faibles d'entre eux, ceux qui n'avaient que 8 ans, peut-être, ceux qui n'avaient plus la force de bouger, qui étaient renversés, piétines, matraqués par terre. [...]
Les SS ont rassemblé les chiens qui grondaient, et ils ont refait le chemin en sens inverse, tirant une balle à bout portant dans la tête de chacun des enfants tombés."
"Buchenwald par ses témoins"
(Histoire et dictionnaire du camp et de ses Kommandos)
Sous la direction de Dominique Orlowski
Editions Belin
"L'arbre de Goethe"
(Photographie clandestine de Georges Angéli, détenu à Buchenwald - juin 1944)
http://www.vrid-memorial.com/afficher/rubrique/5/deportation/article/253/Georges-Angli-un-exemple-de-rsistance-Buchenwald.html
Profitant de la débâcle provoquée par l'avancée de la IIIème armée américaine,
le camp a été libéré par l'organisation clandestine de résistance du camp,
le 11 avril 1945 en début d'après-midi :
"A 14h30 : l'ordre est donné par le comité militaire clandestin de lancer l'attaque.
La tour de contrôle encore gardée par des SS lourdement armés est assaillie.
Toutes les unités clandestines d'attaque du camp entrent en action.
La défense SS est vaincue.
A 15h15, le drapeau blanc flotte sur la tour."
A 15h40, le premier tank américain passe devant le camp,
mais ne s'arrête pas et fonce sur Weimar.
A 16h00, une Jeep américaine pénètre le camp.
Le drapeau de la liberté flotte déjà, les déportés ont fait 200 SS prisonniers
(qu'ils livreront aux Américains, sans même les avoir brutalisés,
ce qui forcera l'admiration des militaires de l'armée US)
et libéré Buchenwald.
21.000 prisonniers sont sauvés."
http://www.buchenwald-dora.fr/1lecampdebuch/historique/07liberation.htm
.../...
Je m'adresse ici à toutes les personnes dont la tiédeur à condamner
les faits meurtriers survenus le mercredi 7 janvier 2015,
quelles que soient leurs sensibilités idéologiques,
leurs opinions politiques
ou leur appartenance religieuse,
laisse à penser qu'ils n'ont pas perçus la vraie signification
de ces actes contraires aux lois fondamentales
communes à toute l'humanité (*).
"Je comptais attendre quelques mois pour évoquer ici la libération du camp de concentration de Buchenwald... En effet, l'anniversaire de ses 70 ans aura lieu cette année en avril, puisque le camp fut libéré, en grande partie par ses prisonniers le 11 avril 1945. L'actualité, par la concomittance de deux actions meurtrières, l'une contre la rédaction du magazine satirique "Charlie Hebdo" accusé par les assassins de 12 personnes toutes catégories confondues, de blasphèmes et d'injures contre Mahomet et l'Islam, l'autre contre les clients d'une supérette Kasher dont 4 d'entre eux ont été assassinés au simple motif qu'ils étaient juifs, m'oblige à produire ici et maintenant le témoignage qui suit..."
"L'arbre de Goethe" (D'après la photo de Georges Angéli - juin 1944)
"Jorge Semprun, matricule 44904, rapporte qu'en février 1945 les SS rassemblent sur le
quai de la gare du camp une quinzaine d'enfants de 4 à 12 ans, qui descendent des wagons
d'un transport dans lesquels Ie nombre de morts gelés dépasse celui des survivants, et il
relate : « Les S S avec leurs chiens se sont déployés en arc de cercle et ils ont poussé
devant eux, sur la grande avenue, cette quinzaine d'enfants juifs. Je me souviens que les
gosses regardaient autour d'eux, ils regardaient les SS, ils ont dû croire au début qu'on les
escortait simplement vers le camp. [...] Mais les SS ont lâché les chiens et ils se sont mis à
taper à coups de matraque sur les enfants, pour les faire courir, pour faire démarrer la
chasse à courre sur la grande avenue [...] et les enfants juifs, sous les coups de matraque,
houspillés par les chiens sautant autour d'eux, les mordant aux jambes, les enfants se sont
mis à courir !...] Cette meute de chiens et de SS qui courait derrière les enfants juifs eut
bientôt englouti les plus faibles d'entre eux, ceux qui n'avaient que 8 ans, peut-être, ceux
qui n'avaient plus la force de bouger, qui étaient renversés, piétinés, matraqués par terre.
[...] Les SS ont rassemblé les chiens qui grondaient, et ils ont refait le chemin en sens
inverse, tirant une balle à bout portant dans la tête de chacun des enfants tombés."
Extrait de : "Buchenwald par ses témoins" (p 483)
(Histoire et dictionnaire du camp et de ses Kommandos)
Sous la direction de Dominique Orlowski
Editions Belin
(*) Et l'existence d'autres massaccres, d'autres injustices, d'autres misères infligées en d'autres lieux dans ce monde, n'enlève rien à l'horreur de ces assassinats et à la nécessité de les condamner, d'autant plus qu'ils prennent par la volonté d'un grand nombre de personnes sur la planète la valeur d'un symbole.
.../...
"Nous ne cherchons tous qu'une seule chose dans cette vie : être comblés par elle — recevoir le baiser d'une lumière sur notre cœur gris, connaître la douceur d'un amour sans déclin.
Être vivant c'est être vu, entrer dans la lumière d'un regard aimant : personne n'échappe à cette loi, pas même Dieu qui est, par principe, parce qu'il est le principe supposé de tout, hors la loi.
La Bible n'est que l'inventaire des efforts insensés de Dieu pour être entrevu de nous, ne fût-ce qu'une seconde, ne fût-ce que d'un seul homme et cet homme fût-il un bon à rien ou un gardien de chèvres abruti de solitude et de mauvais vin.
Tout y passe. Tout est bon à Dieu pour attirer notre attention sur lui, de la grande machinerie des déluges et des orages avec leur vacarme de fer-blanc, jusqu'aux gémissements à peine audibles d'un nouveau-né couché sur la paille, bercé par la respiration besogneuse d'un âne et d'un bœuf...
C'est bien sûr cette dernière tentative qui s'avère être la bonne : on ne peut voir que là où il n'y a plus aucune ténèbre de puissance.
Le pouvoir aveugle, la gloire assombrit. Jadis les princes sortaient de leurs palais en grand arroi : carrosses, chevaux; valets, étendards, parades de toutes sortes. Le mot désarroi vient de là.
Être en désarroi c'est être privé d'escorte, avancer dans une vie dépouillée de tout revêtement de force.
Dieu sous les ornements de la foudre ou de la royauté, c'est insignifiant.
Dieu sous le sommeil d'un nouveau-né ou sous le désarroi de votre allure — c'est immense, madame, immense."
Christian Bobin "L'inespérée" (1996)
Photo @lsemo : "Bistrot 7" (2014)
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"Où sont nos lyres d' or d' hyacinthe fleuries,
Et l' hymne aux dieux heureux et les vierges en choeur,
Éleusis et Délos, les jeunes théories,
Et les poëmes saints qui jaillissaient du coeur ?"
...
...
"Où sont les dieux promis, les formes idéales,
Les grands cultes de pourpre et de gloire vêtus,
Et dans les cieux ouvrant ses ailes triomphales
La blanche ascension des sereines vertus ?"
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...
"Les muses, à pas lents, mendiantes divines,
S' en vont par les cités en proie au rire amer.
Ah ! C' est assez saigner sous le bandeau d' épines,
Et pousser un sanglot sans fin comme la mer."
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Photos : @lsemo (Anglet - 2014)
Poésie : Extraits de "Dies Irae" ("Jour de colère"),
de Leconte de Lisle ("Poèmes Antiques")
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"A la dérive,
A contre courant,
Et pour plonger,
Au plus profond,
Se laisser flotter
Entre deux eaux
Une espérance
Inespérée
D’une rive
A l’autre
D'une rive
A l'autre..."
"Chargé d'oxygène
Se jeter des ponts
Ne plus respirer
Se laisser couler
Et comme un pois-
Son dans l'eau
Se faire amener
Se laisser porter
D'une rive
A l'autre
D'une rive
A l'autre..."
"Se laisser flotter
D'une rive
A l'autre
D'une rive
A l'autre..."
"A la dérive,
A contre courant,
Et pour la douceur
Se laisser bercer
Et pourquoi pas
Ne pas sombrer
Et dans la gorge
L'écume
Pour toujours
D'une rive
A l'autre
D'une rive
A l'autre."
Photos : @lsemo - Anglet, août 2014
"D'une rive à l'autre"
Jacno & Romane Bohringer
(Album "Faux témoin - 1995)
https://www.youtube.com/watch?v=yLGhoN_BN1A
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